jeudi 6 mars 2008

Quelques vues des endroits les plus animes de Vientiane. Il est 21h00...

Au bord du Mekong.

Par bonheur, on peut trouver quelques ampoules. Leur lumiere me semble si chaleureuse.


5h00... Vientiane ne s'eveille pas du tout. Rues desertes, aeroport vide.

Le soleil se leve, et le signal pour l'embarquement est donne.


Mon avion.

Bi-moteur qui gronde et mecanique vibrante qui sébranle.
Fleur de Lotus sur fond bleu dans ciel qui s'eveille.
Lumiere rasante et orangee qui glisse le long des ailes blanches.
Palmiers vert-brumes qui s'inclinent sur piste au galop.
La voix microphonique prononce le code de rupture:
"Thanks for flying Lao Airlines"
Me voila arrache, emporte, envole.

Deja, la terre s'eloigne en s'etirant dans le petit matin.
Chaque jour un nouveau depart, de nouveaux adieux.
Tous ces sourires, ces signes de la main, ces regards qui s'estompent derriere moi.
Larmes et rires a venir.
Instants ephemeres traversant furtivement le rayon de l'eternel present.
J'ai le coeur serre par chacune de ces fleurs qui se fanent.
Mon esprit n'a aucune prise et se debat dans le vide de cette feuille.
Ca fait tellement mal de s'abandonner au bonheur et il est si bon de se laisser transpercer par la juste douleur.
Mon ame rayonne genereusement sur mes contradictions, mes joies et mes peines.
Je salue le Tres Compatissant et lui demande d'etre patient.
Je ne suis pas encore pret pour le Nirvana.
J'aime trop la vie.
Je veux revenir encore et encore...
Ce voyage m'offre, une fois de plus, l'opportunite de sentir l'omnipresence de l'impermanence.
Peut etre est elle l'energie universelle faisant office de monnaie d'echange entre les successions de presents.
La mort est partout, tapie dans l'ombre de la vie et a mieux y regarder, je distingue l'unite de ce Tao Cosmique.
On peut, par soucis de pedagogique, le diviser en deux forces interpenetrees, mais ca n'en est pas moins une illusion de plus.
Finalement tout n'est que perpetuel changement et ne pas l'accepter n'y change rien.
Je realise a quel point mon chemin est long.
Je ne suis meme pas certain de pouvoir integrer ma propre verite.
Moi qui voudrais tant saisir, je vois les grains de sable me filer entre les doigts.
J'ai beau savoir, je reste sous l'emprise de ma terrible boulemie.
Ma soif d'amour, d'echange, de beau, de joie est sans fin.
Je remplis le tonneau perce. Il est toujours plein, mais j'arrete de m'activer et il se vide en m'assechant.
Il est heureux que cette tache me soit si familiere et agreable.
Face au moment present, j'ai essaye d'invoquer les prolongations, mais la partie m'echappe toujours.
Si je tente de m'approprier mon vecu, un decalage me met aussitot en retard.
La meilleure option, la plus delicieuse approche que j'ai pu gouter, est d'ETRE.
C'est a la fois si simple et si difficile.
Je dirais que c'est, avant tout, d'une sublime subtilite.
Le vouloir condamne a l'echec.
Y penser sape tout autant les perspectives de reussite.
Ne pas y songer peut s'averer sterile ou de bonne augure.
Il y a lieu, selon moi, de s'oublier en gardant un profond contact avec soi.
Pour conclure cette palabre solitaire, j'affirmerais que l'alchimie qui permet de transformer l' "ici et maintenant" en or est un jeu d'enfant.
Voila pourquoi cette entreprise est, tout a la fois, si simple et si compliquee.
Je me demande si la creation d'ecoles de l'enfance ne nous serait pas d'un grand secour.
On pourrait y jouer avec les bambins, chaque matin avant de partir travailler.
Vive l'Empereur Tomato Ketchup!





Apres avoir fait le tour de Pakse, ou il n'y a rien ou si peu, Je suis de retour a l'aeroport.
J'ai deambule d'un mur a l'autre et je n'ai pu denombrer qu'une dizaine de personnes.
Moitie voyageurs, moitie personnel.
Les ventilateurs font circuler l'air lourd qui, dehors, ecrase tout dans l'imobilite.
Un poste de television diffuse une serie laotienne de premiere qualite.
Des mirages de chaleur dansent au-dessus de la piste.
Les avions brillent par leur absence.
Un appel micro vient de briser la torpeur ambiante.
Nous pouvons rejoindre la porte d'embarquement situe dans l'autre salle.
Controle de securite pour rire et me voila a nouveau assis.
Le detecteur de metaux sonne a chaque fois que quelqu'un le franchit. Visiblement l'agent est habitue car il ne leve meme plus la tete.
Il ne se passe rien et j'ai besoin de l'ecrire.
Peut etre est-ce mon tonneau perce qui est trop rempli. C'est vraissemblable.
Un papillon passe, un couple d'hollandais echange quelques mots et un homme se regarde dans le retroviseur de son camion.
C'est bien ca, je deborde sur le papier.
Le detecteur ricane a nouveu, un americain passe.
Je n'ai plus que deux billets de 5000 Kip en poche, je suis fauche.
Je les donnerai aux enfants. Un pour Noemi et un pour Max.
Le president a des airs de famille avec Boris Eltsine.
Je me suis achete un livre de seconde main a Bangkok.
Un avion vient d'atterrir, c'est bon signe.
C'est un bouquin de Barjavel. L'autre jour, un sympathique marseillais me faisait remarquer le titre. "Le Voyageur Imprudent"
Croyez le ou non, mais je ne l'avais pas remarque. Mon attention s'etait focalise sur le resume.
En gros, c'est l'histoire d'un homme qui peut voyager dans le temps et dans l'espace.
Ces dernieres semaines, j'ai aussi l'impression de faire des bons en arriere a travers les siecles.
Les passagers commencent a sortir de l'avion.
Le camion citerne s'approche.
Dans moins de deux heures, je serai en pays khmer.
La feuille est devenue mon esprit, mon esprit est devenu la feuille.
I chin den chin.
Dans l'avion, les moustiques sont plus nombreux que les voyageurs.
Il n'y aura pas a manger pour tout le monde.
Bien fait pour eux!
Me voila dans les nuages.
C'est un peu comme les rizieres, a travers la vitre du train, ca a l'air tres doux.
Je suis juste a cote de l'helice droite.
Les pales filent a tout allure, a moins d'un metre de ma tete.
On m'apporte a manger.
Au Laos, beaucoup d'aliments ont ete prime pour leurs grands merites.
L'eau Tiger, par exemple, a recu la double medaille d'or a Bruxelles. Idem pour la Laobeer.
Les rations servies dans les avions de la Lao Airlines ont, quant a elles, ete gratiffiees de la Golden Arch of Europe, a Frankfort.
En voyant les airs faisandes de la viande, dont ils ont bourre ce pauvre croissant, je reste assez perplexe.
Mon voisin allemand semble satisfait.
On verra bien qui vivra le plus longtemps.
Peut etre est-il justement de Frankfort?
Je pourrais lui proposer ma part, mais je n'ai pas tres envie de parler.
Finalement, mon immense bonte l'a emporte, je l'ai quand meme fait.
Il n'avait plus faim, mais une de ses compatriotes etait preneuse.
Me voila donc debarrasse de ce paquet encombrant.
One shot, two birds!









Comme vous le voyez, je me suis installe comfortablement.
Vu que je suis bien malade, j'ai besoin de tout le confort possible.
Rien de grave... juste une bonne sinusite et la mega tourista.
Je vous laisse sur ces belles paroles.

4 commentaires:

Cath a dit…

Tiens on dirait que j'arrive entre les photos et leur commentaire :)
La chambre a l'air SU-PER!

MALINA a dit…

Retour à la lumière. Vas-tu voir la vie en rose? Voilà ce que j'appelle une mère pas trop angoissée - le port du casque n'est obligatoire que pour les adultes apparemment.
Biz

maman a dit…

j'arrive de faire des courses et que vois-je, du nouveau sur le blog. comment fais-tu ? tu es un virtuose. Comme tu exprimes bien ce que tu ressens, mais il faut que je relise pour bien comprendre. Je suppose que cette magnifique chambre est la tienne, quel luxe, c'est où ça, tu ne le dis pas, au Cambodge je suppose. par moments je m'y perds. après les bourrasques de ces deux derniers jours le grand ciel bleu est revenu. profite bien de ton palace pour te reposer. j'attends la suite.
bisous

maman a dit…

un truc bizarre, une partie de ton texte, celui qui relate le voyage en avion, et les dernières phrases où tu dis que tu es malade, ne sont apparues que plus tard, alors que les photos je les ai vues l'après-midi, donc ce soir en montrant à André, je découvre toute une partie arrivée plus tard. je n'y comprends rien. J'espère que la turista ne durera pas trop longtemps, soigne-toi bien, profite du confort pour bien te reposer. J'espère que tu as les médicaments qu'il faut pour la sinusite aussi. Remets-toi et profite bien du Cambodge ... dernière ligne droite.
bisous mon petit !